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Lewis #1 - L'Île des Chasseurs d'Oiseaux, de Peter May


Lewis #1 - The Blackhouse
Lewis #1 - L'Île des Chasseurs d'Oiseaux
de Peter May
Editions Quercus Books (2011)
Publié en VF aux éditions du Rouergue ou en poche aux éditions Babel
432 pages

ebook

Peter May est un scénariste de télévision et auteur écossais de romans policiers.

Synopsis

Marqué par la perte récente de son fils unique, l’inspecteur Fin Macleod, déjà chargé d’élucider un assassinat commis à Edimbourg, est envoyé sur Lewis, son île natale, où il n’est pas retourné depuis dix-huit ans.

Un cadavre exécuté selon le même modus operandi que celui d’Edimbourg vient d’y être découvert. Sur cette île tempétueuse du nord de l’Ecosse, couverte de landes, où l’on se chauffe à la tourbe, pratique encore le sabbat chrétien et parle la langue gaélique, Fin est confronté à son enfance. La victime n’est autre qu’Ange, ennemi tyrannique de sa jeunesse. Marsaili, son premier amour, vit aujourd’hui avec Artair.

Alors que Fin poursuit son enquête, on prépare sur le port l’expédition rituelle qui, chaque année depuis des siècles, conduit une douzaine d’hommes sur An Sgeir, rocher inhospitalier à plusieurs heures de navigation, pour y tuer des oiseaux nicheurs. Lors de son dernier été sur l’île, Fin a participé à ce voyage initiatique, qui s’est dramatiquement terminé. Que s’est-il passé alors entre ces hommes ? Quel est le secret qui pèse sur eux et resurgit aujourd’hui ? Sur fond de traditions ancestrales d’une cruauté absolue, Peter May nous plonge au cœur de l’histoire personnelle de son enquêteur Fin Macleod.

Mon avis

L'île des chasseurs d'oiseaux débute comme le plus traditionnel des romans policiers, avec la découverte d'un corps et l'intervention d'un inspecteur abîmé par la vie. Et pourtant, on s'en distancie assez rapidement. Même si tout est guidé par une enquête, c'est avant tout un roman d'ambiance. Celle d'une île aux confins des Highlands.

Les descriptions y sont bien travaillées et immergent avec facilité dans ce décor si particulier. Il y a Lewis, ses landes, ses tourbières et sa côte déchirée. Des étendues battues par les vents qui vous traversent de part en part. La pluie qui ruisselle sur le visage, le temps qui change en un instant et une odeur de tourbe qui vous pénètre les narines.

Il y a cette atmosphère intemporelle aussi, qui prend aux tripes d'un bout à l'autre de la lecture. Sur cette île où la vie est si rude, rien n'a changé ou presque, au point qu'ordinateurs et téléphones portables paraissent incongrus. C'est un monde chargé de traditions que l'on pénètre, de ceux où le sabbat du dimanche est encore respecté et où les hommes s'isolent chaque année sur un rocher inhospitalier. Un monde qui happe et enferme, en témoigne ses habitants rongés par le chômage et l'alcoolisme, mais qui s'accrochent à ce bout du monde.

Et puis il y a ces non-dits qui rôdent et se révèlent de page en page, asphyxiant peu à peu les personnages. On sent qu'il y a quelque chose qui dérange, sans vraiment mettre de nom dessus. Une sensation dans l'estomac qu'on ne saurait vraiment définir. De ces secrets qui étouffent lentement.

Un côté un peu sombre, donc, indéniablement. Mais ça n'en est que plus prenant. On le ressent d'ailleurs dans l'alternance entre passé et futur. Car voilà, ce roman se fait à deux voix.

Celle de Fin MacLeod, tout d'abord, inspecteur revenu sur les terres de son enfance, contre son gré. Lancé sur les traces du meurtrier d'un de ses anciens camarades de classe, il se laisse happer par ses souvenirs. Finalement, cette enquête n'est quelque part que prétexte à faire travailler sa mémoire, à comprendre ce qui le répugne tant ici. Un peu voyeur, le lecteur se complaît à découvrir ces zones d'ombres.

Celle du jeune Fin, également, un gamin attachant. Le même monde, 30 ans en arrière. Le même paysage, les mêmes dérives mais avec l'insouciance de l'enfance. Ça ne durera pas. Premières bêtises, premiers amours, les copains, ceux qui vous prennent en grippe, l'école, les fêtes et peu à peu les coups du sort. Et cette même sensation dérangeante qui doucement se déploie.

Noyé dans ces souvenirs, on en oublierait presque l'enquête policière. Elle sait cependant se rappeler à nous. Des détails disséminés çà et là, mais dont on ne perçoit l'importance qu'à la fin. Des choses que l'on voit venir, d'autre non, un découpage qui rajoute du suspens et un dénouement qui frappe par son côté un peu malsain.

Mais si je suis venue pour les Highlands, que j'ai été happée par l'ambiance et intriguée par l'enquête, je suis restée pour les protagonistes et leur histoire. Il y a Fin, le "héros", qui manque un peu de charisme mais touche beaucoup. Très vraisemblable, pas tout noir, ni tout blanc, il a fait des erreurs, souffert aussi et s'est lentement brûlé les ailes. Artair, également, son meilleur ami d'enfance qui, de jalousies en déceptions, se retrouve enferré dans une existence amère. Marsailli, enfin, innocente et objet de convoitises qui voit lentement ses rêves se briser et devient l'ombre d'elle-même.

Des personnages auxquels on s'attache lorsqu'ils sont enfants, que l'on voit se construire au fil de l'intrigue avant de les percevoir différemment. Une communauté un peu usée par le vent et la perte d'espoir, mais que je retrouverai avec plaisir dans les tomes suivants.


En bref...

Avant d'être un roman policier, L'île des Chasseurs d'Oiseaux, est un roman d'ambiance. Les descriptions y sont bien travaillées et immergent avec facilité dans ce décor si particulier, une île battue par les vents aux confins des Higlands. Il y règne une atmosphère intemporelle, glaçante presque, qui prend aux tripes d'un bout à l'autre de la lecture. C'est un monde rude, marqué par les traditions, qui happe irrémédiablement. Et puis il y a ces non-dits qui rôdent et se révèlent de pages en pages, asphyxiant peu à peu les personnages. C'est d'ailleurs pour ces derniers que l'on continue la lecture, à travers les époques. Car voilà, la narration se fait à deux voix, celle de Fin MacLeod, enquêteur abimé par la vie, et celle de Fin enfant, un gamin attachant qui va peu à peu se brûler les ailes. Un peu voyeur, le lecteur se complaît à découvrir ces zones d'ombres. Et si l'enquête est prétexte à évoquer ses souvenirs, elle sait quand même se rappeler à nous. Des choses que l'on voit venir, d'autre non, un découpage qui rajoute du suspens et un dénouement qui frappe par son côté un peu malsain. J'y reviendrai.
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6 commentaires

  1. Je l'ai beaucoup aimé aussi ;)
    Pourquoi pas organiser une LC dans le cadre du challenge Écosse ? ;)

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  2. J'avais lu l'homme de Lewis (je ne savais pas que c'était un tome 2 ?!)
    Mais j'avais tellement peu aimé :/

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    1. C'est vrai que c'est spécial dans son genre ^^ Oui c'est un T2 L'homme de Lewis. Les deux intrigues ne sont pas liés, mais c'est plus dans l'évolution des personnages (Fin, Marsaili ...)

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  3. je l'ai vu à la médiathèque et puisque tu sembles si emballée je te suis encore sur cette lecture écossaise ;)

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  4. Tu donnes très envie de lire ce livre :)

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  5. C'est sympa d'avoir un bon livre comme ça. Je ne crois pas connaitre mais peut etre un jour du coup.

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