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Quand la nuit devient jour, de Sophie Jomain


Quand la nuit devient jour
de Sophie Jomain
Editions Pygmalion (2016)
28=88 pages


Sophie Jomain est une romancière française née en 1975. Anciennement archéologue, elle se consacre maintenant à l'écriture, avec notamment la saga YA "Les Etoiles de Noss Head" et la saga d'urban fantasy "Felicity Atcock". En 2014, elle publie sa première romance puis s'essaye, en 2016, au genre contemporain. 

Synopsis

On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée.

Mon avis

Ce livre, je l’ai lu d’une traite, une boule au ventre et la vue un peu brouillée par les larmes. J’en suis ressortie chamboulée et sachant pertinemment que j’allais avoir énormément de mal à vous en parler. Dur en effet de prendre du recul et de poser des mots sur les émotions qu’il suscite. Dur également de porter un jugement dessus. Dur enfin de me le sortir de l’esprit et de passer à autre chose. J’ai la tête tellement prise par ce bouquin et ce qu’il a provoqué en moi que je ne reviendrai même pas sur les détails qui m’ont fait tiquer. C’est un livre qui est au-delà de ça.

Il est en effet de ces romans que l’on ne peut résumer à simples coups de “j’aime” ou “je n’aime pas”. Parce qu’il demande plus, mais aussi parce qu’on n’est pas ici dans le domaine de l’appréciation, mais plutôt de l’impact. C’est d’ailleurs le genre de lecture avec lequel j’entretiens une relation d’amour/haine. Je lis avant tout pour être divertie, pas pour avoir le coeur mis à vif et les tripes prises dans un étau. Mais de temps en temps, cela fait -non pas du bien, mais- de l’effet de ressentir aussi viscéralement.   

Je lui donne ainsi 4 ou 5 étoiles, sans aucun regret. Même s’il comporte des choix narratifs sur lesquels je n’étais pas sûre de moi même. Même s’il ne m’a pas divertie dans le sens de mes lectures habituelles. Même s’il m’a laissé le ventre noué, encore maintenant quand j’écris cette chronique. Mais parce qu’il est très bon. C'est un livre touchant, poignant même, et qui pousse à s'interroger. En quelques mots, c'est un livre qui interpelle. Pas un coup de cœur, mais un coup de poing.

Quand la nuit devient jour, c’est toute une thématique, celle de l’euthanasie volontaire assistée, un sujet sensible et encore trop tabou en France. Quel que soit le positionnement du lecteur sur la question, le roman ne pourra laisser sans réaction et pousse même à la réflexion. Il porte également sur la dépression, cette maladie insidieuse, cette pieuvre contre laquelle certains luttent sans répit. Pourtant, aucune lourdeur ici, aucun jugement. C’est un livre dans lequel on sent pourtant que l’auteur a mis toutes ses tripes, mais avec une délicatesse que l’on ne peut que louer

C’est aussi et avant tout un bout de l’histoire de Camille et de ses derniers jours. De son droit à vivre au mieux les ultimes instants qui la séparent de la délivrance. De la bulle de paix qu’elle pourrait y trouver dans un océan de souffrance. De l’accompagnement que lui procure Marc Peeters, un médecin humain avant tout et aux méthodes peu conventionnelles. L’histoire de ses angoisses à lui aussi, un peu, et de ce qui pourrait les rapprocher. 

Ce livre c’est également un début froid, clinique presque, et un texte qui se lit d’une traite et monte en intensité au fil des pages, jusqu’à un ultime chapitre qui aura fait jaillir mes larmes. Je sais que certains sont ressortis frustrés de cette lecture, notamment par sa taille, avec un sentiment de morcèlement. Ce n’est pas mon cas. 

Ce livre est pour moi une parenthèse. J’ai l’impression que l’avant et l’après (malgré ce qu’ils ont de douloureux et d’incertain) importent moins quelque part. Ce qui compte c’est l’instant présent, ces derniers moments de nuit. On a de plus un côté “pris en pleine tempête” qui est loin d’être inintéressant. Je pense même que le livre aurait perdu de sa force et de sa singularité s’il avait été plus dense. La même chose peut d’ailleurs être dite de la fin. Elle ne peut que toucher et m’a laissé suspendu dans le temps. Je lui ai en cela trouvé énormément de force et je crois qu’elle n’aurait pu être autre, ou alors elle ne m’aurait pas contentée. Deux jours plus tard, elle me hante encore. 

En bref...

J'ai lu ce livre d'une traite, une boule au ventre et la vue un peu brouillée les larmes. Deux jours plus tard, la sensation est toujours là et j'ai beaucoup de mal à passer à autre chose, mais également à en parler. Quand la nuit devient jour est en effet de ces romans que l’on ne peut résumer à simples coups de “j’aime” ou “je n’aime pas”. Parce qu’il demande plus, mais aussi parce qu’on n’est pas ici dans le domaine de l’appréciation, mais plutôt de l’impact. Impossible d’être sans réaction face aux sujets sensibles qu’il aborde, l’euthanasie volontaire assistée et la dépression. C’est sans lourdeur ou jugement aucuns que Sophie Jomain s’en saisit ici, tout en délicatesse. Mais ce livre, c’est avant tout un bout de l’histoire de Camille et de ses derniers jours, une parenthèse pleine de force et de singularité. C'est un roman touchant, poignant même, et qui pousse à la réflexion. En peu de mots, c’est un livre qui interpelle. Pas un coup de cœur, mais un coup de poing.

Très bonne lecture

LC avec Ptitelfe et Ptite-boukinette (avis à venir)

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12 commentaires

  1. J'ai vraiment très envie de lire ce roman. Jai vue que de très bon.avis et il a l'air sublime juste merveilleux.

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    1. Il n'est pas facile, mais il est très très très bon. C'est un livre qui m'a beaucoup touchée.

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  2. Je ne suis pas une grande lectrice de ce genre de livre et un de temps en temps me suffit amplement du coup avec le dernier que j'ai lu je ne pense pas un lire un autre de si tôt

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    1. Moi non plus je ne suis pas une grande lectrice de ce genre, mais là Sophie Jomain je ne pouvais pas passer à côté. Et au final, je trouve ça bien de temps en temps de sortir de ma zone de confort et de ressentir qqc de très fort avec un livre comme ça. Mais pas tous les jours ;)

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  3. Tu dis que tu as du mal à en parler et pourtant ta chronique est magnifique! J'ai lu il y a quelques jours mon tout premier Sophie Jomain qui ne sera pas le dernier mais je ne pense pas lire celui-ci. Je ne me sens pas assez courageuse pour ça tout simplement ...

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    1. Merci :) Je t'avoue qu'au départ je l'a choisi uniquement car c'était un livre de Sophie Jomain. J'ai lu tous ses autres romans et beaucoup aimé, je ne pouvais pas passer à côté de celui là, alors même que je ne savais pas de quoi il parlait. Au final, il m'a vraiment fait sortir de ma zone de confort, mais je ne regrette pas, c'est un livre vraiment poignant et qui interpelle. Je ne tenterais juste pas l'expérience tous les jours.

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  4. En tout cas même si tu avais du mal à en parler, avec ce que tu en dis je trouve que ce livre a l'air bouleversant...Je le lirai surement.

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    1. Oh oui, il l'est. J'ai hâte de voir ce que tu en penses.

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  5. J'aime beaucoup le style de Sophie Jomain (même si je n'ai pas adhéré à tous ses bouquins, je trouve toujours son écriture très chouette), du coup, je pense me laisser tenter par celui-ci surtout suite j'en entends beaucoup de bien.

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    1. On est dans un tout autre registre avec celui là, mais c'est chouette justement de sortir des sentiers battus, et la plume de Sophie est toujours aussi plaisante.

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  6. Ce roman me tente beaucoup. Je dois retourner à la librairie, il sera peut être dans ma PAL très prochainement.

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    1. Héhé, j'espère que la pêche sera fructueuse alors.

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