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Récits du Vieux Royaume - Tome 2: Gagner la Guerre, de Jean-Philippe Jaworski


Récits du Vieux Royaume - Tome 2: Gagner la Guerre
de Jean-Philippe Jaworski
Folio SF (2011)
1ère édition aux editions Les MOutons Electriques
981p

Auteur français de fantasy et de jeux de rôles, Jean-Philippe Jaworski enseigne également le français en lycée, dans la région de Nancy.

Synopsis

« Gagner une guerre, c’est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d’orgueil et d’ambition, le coup de grâce infligé à l’ennemi n’est qu’un amuse-gueule. C’est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l’art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c’est au sein de la famille qu’on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c’est plutôt mon rayon... »

Mon avis

Il y a quelques mois, je lisais Janua Vera, un recueil de nouvelles familiarisant avec l’univers du Vieux Royaume. Histoire, politique, légendes, intrigues… tout y passait. Le côté un peu fragmenté des textes ne m’avait cependant pas permis de complètement m'y immerger. Mais le tout m’avait donné envie de continuer l’aventure.

Je me suis donc attaquée à Gagner la Guerre. Finement ouvragé et truculent, ce roman est une des bonnes rencontres de l’année. C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé la plume de Jean-Philippe Jaworski. 

Il nous plonge ici dans un univers qui fleure bon la Renaissance italienne. Bonjour Cité-république, combats navals, duels à la pointe de l’épée et artistes peintres. Et comme dans Même pas Mort, l’auteur nous offre des descriptions d’une grande force évocatrice. On en sentirait presque les embruns sur son visage ou le choc d’une corniche sur les genoux lors d’une course poursuite effrénée sur les toits de la ville. 

Jaworski est également un maître architecte, dans la construction de son monde comme de son intrigue. Qu’il s’agisse du rythme des informations distillées ou de la profusion des détails, il maîtrise son ouvrage de la première à la dernière page, faisant de Gagner la Guerre un livre d’une grande richesse. Il n’est pour autant pas pesant. Non, loin de là. De détours en illusions, il captive toujours plus son lecteur. 

Son style y est ici pour beaucoup. Travaillé, il donne énormément d’entrain et de puissance à ce pavé. Le héros, narrateur de l’histoire, a le verbe haut et de la gouaille à revendre. Vocabulaire aussi riche qu’imagé, cynisme moqueur et digressions à gogo rythment le roman alors que le lecteur est maintes fois pris à parti. La recette fait mouche et les pages se tournent avec vélocité malgré la taille du bazar. 

Ce type de narration permet également de faire monter le suspens au fil des chapitres. Si Benvenuto Gesufal ne nous épargne pas le détail parfois peu ragoûtant de son séjour dans des geôles étrangères, il sait se montrer beaucoup plus tortueux dès lors qu’il s’agit du cheminement de son intrigue. Conter ses mémoires est pour lui l’occasion d’un pied de nez à l’establishment, certes, mais également de malmener un peu son lecteur. 

Cela se révèle bien efficace, le roman étant particulièrement prenant, malgré un petit coup de mou pour moi du côté de Bourg-Preux. Complexe, l’intrigue n’en est pas moins jouissive. Gagner la guerre est en effet surtout l’histoire de l’après, du partage des gains entre les vainqueurs. Et à ce petit jeu là, l’entourage de Benvenuto sait se montrer des plus pernicieux, faisant de lui un pion dans une partie où tous les coups sont permis. Trahisons, manipulations, meurtres et magie… tout est bon et notre héros se retrouve bien souvent à en faire les frais, poussé dans ses derniers retranchements.

Gagner la Guerre est avant tout son histoire, celle d'un personnage des plus charismatiques, mais clairement un fieffé salaud. Assassinat, manipulation, viol, tout y passe, Benvenuto ne s'embarrasse pas de considérations morales. On ne peut pas vraiment dire qu'il en est sympathique, mais disons qu'il se laisse détester et avec plaisir. Roublard et gouailleur, doté d’un humour cynique absolument délicieux, il se sort des pires situations avec panache. Et que dire de sa détermination et de sa rage de survivre ! À vous maintenant de faire sa connaissance

En bref...

Finement ouvragé et truculent, ce roman est une des bonnes rencontres de l’année. Jaworski nous plonge ici dans un univers qui fleure bon la Renaissance italienne et démontre une fois de plus qu'il est un maître architecte, dans la construction de son monde comme de son intrigue. Mais le principal attrait de ce roman réside pour moi dans son héros, Benvenuto Gesufal, un fieffé salaud auquel qui ne s'embarrasse pas de moral. Roublard et doté d’un humour cynique absolument délicieux, il se sort des pires situations avec panache et se laisse détester avec plaisir. Il est également un narrateur des plus agréables à suivre. Le verbe haut, de la gouaille à revendre et le vocabulaire aussi riche qu'imagé, il nous narre ici une histoire où manipulation est le maître mot. 

J'ai beaucoup aimé 

Série Récits du Vieux Royaume
1. Janua Vera
3. Le Sentiment du Fer

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4 commentaires

  1. Réponses
    1. Fouiiiiiiii ! Même si, si tu n'as pas envie de lire les nouvelles, tu peux tout à fait commencer par Gagner la Guerre.

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  2. Hmmm je ne suis pas sûre que ça soit un livre pour moi pour une fois mais contente que tu ais passé un bon moment !

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